Alcoolisme miracle ?
Le baclofène est utilisé dans certains pays pour traiter l’alcoolo-dépendance. Au Québec, des médecins commencent à le prescrire pour cet usage. M édecin de famille et spécialiste en toxicomanie, le Dr William Barakett,
qui pratique dans les Cantons-de-l’Est, est convaincu des effets positifs du baclofène sur la dépendance à l’alcool. Il y a quatre ans, un collègue alcoolique est venu le consulter avec, sous le bras, le livre du cardiolo-
gue et professeur de médecine français Olivier Ameisen, Le dernier verre. Depuis, le Dr Barakett affirme avoir obtenu de « bons résultats » avec une douzaine de patients dépendants à l’alcool. « Le baclofène n’est pas mon premier choix, explique-t-il. Mais je peux compter sur lui si les autres médicaments ne fonctionnent pas. »
Ingrédient actif du Lioresal utilisé à l’origine « pour réduire et soulager la tension
musculaire excessive », le baclofène est surtout prescrit pour lutter contre la sclérose en plaques ou d’autres affections de la moelle épinière. On a commencé à parler de ses possibles vertus contre l’alcoolisme dans les années 1990, aux États-Unis, et au début des années 2000, en France.
Protégez-Vous Septembre 2012 25 « Pris à forte dose, le baclofène
supprime chez la personne al- coolique la montée du “craving”, ce besoin irrépressible de boire.» Dr Olivier Ameisen, cardiologue et professeur de médecine, L’envie de boire, connais pas
vier 2011. « J’ai continué à boire, mais plus
l’efficacité du baclofène en fouillant dans
la dose de baclofène augmentait, plus ma
la littérature scientifique. Cette molécule
agit au niveau du système nerveux central
où j’ai regardé le verre de vin et je me suis
dit : “Beurk, je n’en veux plus.” » C’était
l’« hormone de la récompense ». « Le médi-
le 18 mars 2011, se rappelle-t-elle. « J’étais
cament rééquilibre le système de la récom-
pense et rétablit le phénomène de satiété, explique le médecin, en entrevue depuis
Débat en cours
la France. Prise à forte dose, cette molécule
montée du “craving”, ce besoin irrépressi-
Nord, on privilégie, dans le traitement de
ble de boire. Le traitement se met en place
l’alcoolo-dépendance, des molécules dont
progressivement jusqu’à ce que cette per-
les mécanismes d’action réduisent le cra-
sonne devienne totalement indifférente à
ving, retardent la réalcoolisation et prévien-
l’alcool. » Selon lui, le baclofène pourrait
nent la rechute, sans pour autant garantir
l’abstinence. Ces traitements sont très sou-
ces : opiacés, cocaïne, jeu, boulimie, etc.
vent accompagnés de prescriptions de ben-
1,8 % En 2004, pour traiter son propre alcoo- zodiazépines (tranquillisants, somnifères,
lisme, le Dr Ameisen s’est administré le
etc.), qui provoquent un état de sédation,
médicament à fortes doses et a « guéri » en
mais qui peuvent également entraîner une
quelques semaines. Son livre, qui témoigne
de son expérience, suscite de vifs débats
« Seul le baclofène supprime la dépen-
en France depuis sa publication en 2008.
dance, insistait le professeur Bernard Gran-
Le Dr Ameisen bouscule les dogmes établis
ger, chef de service de psychiatrie à l’hôpi-
en suggérant que les dépendances peuvent
tal Cochin, à Paris, dans un article publié
être traitées sans autre médicament que le
en avril dernier dans Paris Match. Il a un
effet radical sur le besoin de boire, ce qui
Elisa Martinelli peut d’ailleurs en té-
n’est pas le cas avec les autres molécules
moigner. Cette Française de 38 ans, mère
existantes. » Le Dr Barakett précise cepen-
de deux enfants, estime être sobre depuis
dant que la dépendance à l’alcool est une
plus d’un an grâce au baclofène. Au plus
« maladie neurobiologique », pour laquelle
fort de sa dépendance, elle buvait jusqu’à
une prise en charge du patient, dans le ca-
trois bouteilles de vin par soir. « En consul-
dre d’un groupe de soutien ou auprès d’un
POUR CONSULTER LA MONOGRAPHIE DU LIORÉSAL
tant des forums de discussion sur Internet,
thérapeute, reste « primordiale ». www.novartis.ca
j’ai découvert l’existence du livre du Dr
En France, en Belgique et aux États-Unis,
Ameisen, ra conte-t- elle. J’ai ensuite trou-
malgré la multiplication de témoignages
vé le contact d’un médecin de ma région
de patients, comme Elisa Martinelli, soi-
qui acceptait de prescrire le baclofène. »
gnés avec le baclofène, la position du Dr
26 Protégez-Vous Septembre 2012
Ameisen est encore loin de faire l’unanimité. En 2011, le rapport
supérieures à celles préconisées pour des douleurs musculaires »,
scientifique d’un groupe de travail de la Société française d’alcoo-
explique la Dre Marie-Ève Morin, omnipraticienne et spécialiste en
logie note que « si quelques études très préliminaires évoquent une
toxicomanie, qui n’a pas encore prescrit le baclofène comme traite-
efficacité du baclofène (…), il n’y a guère d’étude solide sur ce point.
ment de l’alcoolisme mais songe à le faire.
Il convient, en particulier, de démontrer son apport par rapport aux benzodiazépines, qui sont actuellement les produits de référence ».
Pas de « marché » de baclofène
Un point de vue également défendu à l’époque par l’Agence fran-
Pour le laboratoire Novartis, principal fabricant du Liorésal,
çaise de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps).
la question d’élargir l’indication du baclofène n’est pas d’actua-
En avril 2012, l’Afssaps a quelque peu revu sa position, consi-
lité. « Le Liorésal est un relaxant musculaire, c’est l’indication
dérant notamment que « si l’efficacité du baclofène (…) n’est pas
pour laquelle il est autorisé au Canada », explique Julie Schnei-
encore démontrée à ce jour, de nouvelles données montrent des
derman, chargée des communications pour le laboratoire.
bénéfices cliniques chez certains patients ». L’agence a ainsi « auto-
Les défenseurs du baclofène estiment qu’il sera difficile de
risé le démarrage d’un premier essai clinique académique en milieu
faire reconnaître l’indication « traitement de l’alcoolo-dépen-
ambulatoire (.) dont l’objectif est de montrer, comparativement à
dance ». Pour ce faire, il faudrait réaliser des essais cliniques. Et
un placebo, l’efficacité du baclofène sur la consommation d’alcool
pour qu’une compagnie pharmaceutique les finance, elle doit y
voir un intérêt. Or, il n’existe pas à proprement parler de « mar-ché » pour le baclofène. Au Canada, dix laboratoires ont mis
Et au Québec ?
sur le marché des médicaments génériques peu coûteux. Et de
Certains médecins québécois, comme le Dr Barakett, commen-
toute façon, les médecins qui souhaitent prescrire le Liorésal ou
cent à prescrire le baclofène pour traiter leurs patients alcooliques.
un générique équivalent sont libres de le faire, même si l’usage
Toutefois, ce traitement demeure peu connu.
est considéré « hors indication ».
Interrogés à ce sujet, plusieurs spécialistes canadiens des dépen-
Pour justifier leur refus de prescrire le baclofène comme trai-
dances ou du médicament ont reconnu ne pas avoir l’expertise
tement de l’alcoolisme, certains médecins mettent en avant les
pour en parler. L’Institut national de santé publique du Québec « ne
effets secondaires des fortes doses. Il s’agit là d’un faux argu-
s’est pas penché sur la question », pas plus que le Centre québécois
ment, selon le Dr René Lavigueur, médecin de famille à Sainte-
de lutte aux dépendances. Du côté de la maison Jean-Lapointe, spé-
Anne-des-Monts, qui a commencé à prescrire le médicament
cialisée dans le traitement des dépendances, on estime ne pas pos-
pour traiter l’alcoolisme. « Les patients sont prévenus, les effets
séder « les connaissances nécessaires pour discuter du sujet ». Enfin,
secondaires sont connus et, dans la mesure où le dosage est
au Centre Dollard-Cormier, à Montréal, établissement public de
progressif, on peut les contrôler. » La somnolence, la sédation et
réadaptation des personnes souffrant d’alcoolisme, de toxicomanie
les nausées sont les plus fréquents. « Mais que faut-il préférer?
ou de jeu pathologique, « le médicament n’est pas prescrit, car les
interroge le Dr Ameisen. Les effets secondaires du baclofène ou
études ne sont pas concluantes », précise Catherine Bourgault-Pou-
Au Québec, on estime que 1,8 % de tous les décès survenus
La Régie de l’assurance maladie du Québec dispose du nombre
en 2002 (1 170) étaient attribuables à l’alcool. On en dénom-
d’ordonnances de baclofène délivré annuellement, mais sans préci-
brait 3 892 pour l’ensemble du Canada, soit dix morts par jour.
sions sur les indications d’usage. On constate toutefois une hausse
« C’est un énorme fléau, dit le Dr Barakett. Cela vaut donc la
de 82 % des renouvellements d’ordonnance entre 2006 et 2011. Ce
peine de faire tout ce que l’on peut pour aider les personnes
chiffre peut-il s’expliquer par une augmentation de la consomma-
tion de baclofène par patient ? « Les doses prescrites dans le traite-ment de l’alcoolo-dépendance peuvent être de trois à quatre fois
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Persistent Idiopathic Facial Pain (Previously “Atypical Facial Pain”) Definition Persistent idiopathic facial pain (PIFP), previously termed “atypical facial pain,” is a persistent facial pain that does not have the characteristics of cranial neuralgias and cannot be better attributed to a different disorder. Epidemiology The prevalence of PIFP is far less frequent than that o
Tetramethrin, permethrin piperonyl Butoxide Interior spraying of all buildings will be during Spring Recess week and Summer Recess before school begins; weather permitting, within 7-14 days. If you wish to receive notification of individual pesticide applications at the school facility, please complete the registration form available at the District Office. You will receive notification at least